GITANS DE GRECE
Il y a sur terre beaucoup plus de portes que d’êtres humains. Vu de loin, on dirait que nous aimons l’ordre, le bon ordre des choses bien casées et que nous tolérons la contrainte au point de trouver plaisir à nous enfermer. Ou peut-être avons-nous toujours eu un peu peur du vent et du froid, des animaux sauvages, comme des étrangers, des voisins, des voleurs et même des indiscrets.
En tout cas, nous tenons pour certain que, de l’autre côté, cela ne peut être pareil. Le seuil de la porte est une frontière, et la porte marque la différence. Parfois nous hésitons à la franchir, parfois elle nous invite à l’ouvrir. Mais nous le savons bien, les portes ouvrent toutes sur l’autrement.
Bernard Arcand
Un jour, Haris Diamantidis, décide de s’arrêter et de pousser la porte qui ouvre sur les campements des gitans des environs de Lamia, de Volos, de Komotini ou de Kalamata, attiré par le parfum intérieur de ces lieux.
Sur la pointe des pieds, en faisant si peu de bruit, il entre discrètement, le regard pétillant car il sait la force de cet instant. L’objectif à la main, prêt à cueillir ce mouvement synchronique si particulier, la conscience l’amène à saisir que la seule permanence dans la vie est le mouvement.
Attendri par le son mélodieux de ce mouvement qui frappe à sa porte, Haris le laisse entrer et commence à jouer…
Un jeu fait de paradoxes et de contradictions. Exclusion, marge, désolation. Mais en même temps, beauté, sourires, des visages sculptés par le vent, par le temps.
Nous voilà au cœur de la vie.
Marco Solari